Feuille de personnage

journal

65. Les Cassidy sont une famille de pechnauds de la campagne profonde, dégénérés, maladroits, et tous lycanthropes pour ne rien arranger. Ils cultivent un modeste lopin de terre qui donne de grosses patates quand il en a envie. Des neuf gosses, Buster fut le cinquième ; dès ses deux ans, le papa l'a posé sur une brouette motorisée afin qu'il aide au travail des champs. C'est le premier contact recensé de Buster avec la rouille et l'essence victorienne.

75. Buster développe de façon permanente des oreilles de clebs à la place de son équipement d'origine. Ça lui donne un look de débile.
A part ça, il passe tout son temps libre sur les engins motorisés, et incite ses petits camarades à voler des brouettes mécaniques pour pouvoir faire la course avec eux, mais ils sont tous nuls alors il s'ennuie profondément. Il rêve déjà semble-t-il de compétition, de gloire, de victoires. Malheureusement, il n'est rien de plus qu'un enfant crasseux qui sent le chien trempé dans la pampa.

79. A 14 ans, Buster fugue. Ses parents mettent trois semaines à remarquer sa disparition. Il a jamais été très efficace dans les champs, et il a huit autres frères et soeurs ; alors c'est pas si grave, et il reste encore des munitions à son papa pour le remplacer !
Par contre il s'est barré en volant une brouette à vapeur, ça c'est déjà plus chiant.
Sa mutation lui provoque des sautes d'humeur violentes et des transformations incontrôlées. L'affliction rampe dans sa viande, dans ses nerfs, il la sent le griffer de l'intérieur. Il est persuadé qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre. Pour un ado, ce sentiment constitue une drôle d'épreuve.

80-85. Installation à Magmirac, où il trouve rapidement un boulot d'apprenti mécano dans l'atelier d'un certain Gérard surnommé G, un génie rustre et aigri, mais avec un bon fond ; il deviendra son ami et son mentor de vie. Le jour, il le passe dans ce garage, situé dans les quartiers mutants de la périphérie. La nuit, il dévore le bitume sur la selle d'engins explosifs et brutaux. Il noue des contacts dans les cercles de motards et de tunning, le voici qui embrasse enfin ce monde de la course qu'il avait toujours fantasmé.
En parallèle, il comprend mieux sa condition. S'il reste sagement en forme animale, il finit par ne plus souffrir de troubles de la personnalité, et sent son esprit entièrement clarifié. Il va devoir se faire à cette forme peu flatteuse, et en encaisser les conséquences.

86. Premiere fois que Buster tue un mec, durant une rixe banale qui tourne mal après une course. Ça t'apprend des choses et ça te fait tout drôle, comme un dépucelage. La victime l'avait bien méritée, franchement, si tu savais les détails tu te serais dis oh la la, je lui aurais pas confié mes gosses ni même mon chat. Mais tout de même, tuer, c'est pas bien. Buster sait que c'est pas bien.
Buster s'invente un code d'honneur, il décide de devenir un vertueux samouraï du bitume. Ce monde est cruel, Buster y est cerné par les ténèbres, le vice et la violence, il sait qu'il doit se discipliner s'il ne veut pas sombrer davantage.

88. Rencontre de Betty. Elle était une prototype de moto sur laquelle G travaillait secrètement. Il l'a présentée a Buster, coup de foudre instantané et réciproque. Buster découvre l'Amour, en même temps qu'un engin fidèle et puissant qui sublimera ses talents de pilote. Betty voit en Buster un brave chauffard, totalement désintéressé : l'argent, les femmes, les hommes, la drogue ? Pas pour Buster. De la peur, des remords ? Zéro. Buster il veut juste manger de la route, il est boulimique de route. Betty sait que ce chien est l'homme de sa vie, ils vont s'envoyer des kilotonnes de bitume ensemble ça va être un énorme gueuleton.

89 - 99. Plusieurs participations au Tour du Fou en tant qu'indépendant d'abord. Buster s'illustre par sa compétence, et son attitude un brin hautaine et dédaigneuse envers les concurrents sortis de formations plus "traditionnelles". Il juge le public souvent indigne du show qu'il leur offre, et n'hésite pas à l'insulter copieusement quand ils le frappent dans son honneur de guerrier de la route.

Se foutre le public à dos est pas une idée géniale, commercialement parlant. Alors malgré son talent, ce personnage sulfureux, un mutant rustre et vulgaire, constitue un gars prometteur mais pourtant très peu désirable pour les grandes écuries. Il se fait bouder.
Des sponsors l'approchent quand même au fil des ans et lui offrent financements et opportunités pour améliorer Betty. Nous remercions :
Nicota, le tabac magique des hommes de tout les âges à consommer sans modération, vous offre une voix grave et masculine ainsi qu'une pleine confiance en votre virilité !
Shnox, le whisky occulte des mutants, aux extraits végétaux issus du Voile, brassé et béni selon des rites innommables qui lui confèrent une saveur toute particulière : aigre et décadente.

Paraît qu'il fut aussi approché par plusieurs mafias, et qu'une partie des récompenses qu'il gagne durant les championnats s'en vont dans des poches assez sales. Bah soyez pas choqués c'était évident que ça finirait par arriver !

En parallèle de sa présence sur les circuits officiels, Buster et Betty arpentent en amoureux les routes, les concours de stunts, les courses illégales, partout où ils peuvent en trouver, roulant des mécaniques, insatiables de défis toujours plus brutaux. Un évènement durant lequel Buster n'a pas échappé à la mort de justesse au moins dix fois était plan-plan, selon lui. Il aime jauger la valeur d'un circuit au "nombre d'os qui s'y brisent par seconde".

Buster ne veut pas crever de faim ou de la dégénérescence liée à sa mutation ! Totalement drogué à la gloire, à l'adrénaline, et bien sûr aux alcools forts ; il s'éteindra en légende, préférablement dans une magnifique explosion. En choisissant sa mort, il deviendra immortel.