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Ghost dog busters ! [Hiver 99 - Buster et Gharr]
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Ghost dog busters ! [Hiver 99 - Buster et Gharr] • Ven 30 Aoû - 19:18
L’inspecteur Baruk salue ses collègues embrumés, une partie d’eux toujours dans leur nuit en cette matinée de janvier, à la frontière ténue entre les souhaits de bonne année et la reprise du travail. Bientôt huit heures et le soleil n’en est même pas à ses étirements matinaux. Il ne pleut pas vraiment, il bruine. Juste assez pour garantir aux arbres et canards de la ville leur rasade de rosée et empêcher les linges suspendus aux fils et épaules des marcheurs de sécher. Le décor sombre des ruelles pavées aux lampadaires courageux dénoncent une vaporisation titubantes de goutelettes hagardes, errantes en se heurtant les unes les autres jusqu’à s’écraser sur les fenêtres où il en faudra bien d’autres comme elles pour glisser en lourdes larmes incertaines, dans l’indifférence et le silence indigne d’une averse hivernale. Au moins, l’intérieur du poste de police de Stoomtrein offre le sec et un semblant de chaleur que le dehors refuse.

A l’intérieur, il ne grisaille pas, il bleuit. Les tabagies matinales accompagnent les premiers cafés des bosse-tôt. Sans doute les bureaux aux cendriers gavés de mégots finissent-ils leur nuit de symphonie des percussions de partitions à la machine à encre ? Une radio d’Archan Capitale diffuse des actualités fraîches entre deux toussotements de parasites. Magmiradio est avec les agents et inspecteurs pour de nouvelles informations. On y apprend que le corps d’un tel a bien été identifié suite à une longue disparition, qu’il y a des embouteillages entre telle et telle avenue en raison d’étales de légumes renversés lors d’une course-poursuite, que la mousse à raser de tel fabricant garantit encore plus que toute autre un confort pour la peau et une douceur que ne défient pas les lames de rasoir. Gharr s’en lisse la barbe comme de son dernier blaireau et traverse la formation tortue de tables aux tapeuses de rapports où conversations et salutations restent interchangeables. Après plusieurs politesses qu’il ne force pas vraiment, il s’engouffre dans son bureau, une tasse de café brûlant à la main offerte par le préposé improvisé qui l’avait vu arriver, dans sa silhouette massive dégoulinante du col aux pans de sa lourde veste brou de noix.

Son bureau est en réalité une pièce annexe, probablement initialement conçue pour servir de placard à rangements de bardas de bureau. On y avait flanqué trois tables, trois chaises et trois employés pour traiter des affaires paranormales. La pièce centrale de l'étage pouvait être intimidante pour qui venait avouer que son horloge lui parlait ou qu’il avait la sensation que des tentacules lui gigotaient dans le cerveau la nuit. Le service appelait même parfois la pièce des affaires paranormales "le confessionnal", parce qu’on pouvait y avouer des choses à la limite de la légalité sans finir en cage. La tâche de trier les gens à soutenir des gens à placer sous l’oeil du culte sidéraliste était depuis toujours attribuée aux trois inspecteurs de la loge, mais surtout au templier Gharr.

Par sa formation et ses nombreuses années de service, agent Baruk est finalement devenu l’inspecteur Baruk, avec la mécahumaine Sam Kavinski et le farfelu quoique pertinent Nox Moeller.

Ni elle, ni lui ne sont présents aujourd’hui, ce qui ne l’étonne pas le moins du monde. Nox ne prend son service que cet après-midi et Sam est sur une affaire depuis deux jours. Le dernier combattant laisse son imperméable pendre sur le dos d’une de leurs chaises et investit son bureau, au coin duquel le trophée aux arômes amers officie une danse fainéante en volutes sereines. Il attrape la serviette propre du jour pour s’éponger les cheveux grisonnants et la barbe épaisse, avant de se laisser tomber sur sa chaise de bureau qui émet un grincement de protestation par principe. La journée commence pour lui et son jumeaux ciselé dans la vitre piquée de gouttes aux allures de bulles d’air. Gharr soupire et en profite pour le faire au-dessus de sa tasse. La première gorgée chasse les restes de goût de réglisse pour installer le café de qualité moyenne, ce qui est presque un luxe dans ce quartier de la ville. La chaleur et la quiétude de la pièce aux volets encore fermés sur le vivarium principal donnent à l’inspecteur le temps de se préparer à une longue journée de bureau. Après une demi-tasse et sa fourchette de mauvaise foi, il ouvrira son premier dossier.

Un demi-demi classeur plus tard et quelques visites, le soleil fait sa ronde et le dehors a cessé de sangloter pour murmurer la vie qui suit son cours un étage plus bas. La sonnette du tram répond parfois aux coups de téléphone du bureau. L’horloge indiquant bientôt dix heures autorise Baruk a une pause de quelques minutes. Il l’investit dans un projet de recharge de café, avec les sandwiches qui doivent être arrivés depuis deux petites heures. Il se fait craquer le dos avant de tirer les stores pour sursauter face à ce qu’il voit. Sur une chaise à part de celles des mises en attentes, à un bureau vide d’inspecteur en mutation, un chien le regarde. Un doberman à la langue bien pendue, comme une cravate mal assortie au blouson de cuir et aux lunettes de soleil clipsées à sa chemise. Il n’est pas rare de voir un mutant dans les bureaux, mais peu ne sont pas accompagné d’un agent ou un inspecteur en train de prendre une déposition. D’un coup d’oeil rapide, Baruk vérifie que le canis sapiens n’a pas la version de poche du collier aux poignets. Aussitôt, il quitte la pièce avec sa tasse et interroge le mutahumain sur ce que l’inspecteur pourrait faire pour lui. Le motard explique qu’il est venu se rendre aux affaires paranormales et qu’on lui a demandé de rencontrer l’inspecteur Moeller. Gharr informe qu’il n’est pas encore arrivé et qu’il faudra bien compter deux bonnes heures plus les embouteillages pour sa venue, ce à quoi le doberhomme semble préparé. Baruk le salue et s’en va remplir sa quête.

Il revient quelques instants plus tard avec son café, un déjeuner bien emballé et propose un gobelet jetable du même breuvage au mutant, qui l’accepte. L’inspecteur rejoint alors son bureau et tente de continuer son travail une minute, avant de retourner le regard vers le pilote. Après une brève réflexion, il délaisse mets et papiers pour s’en aller retrouver l’inconnu à l'antre du confessionnal.

Vous pouvez l’attendre à l’intérieur si vous voulez. Et si vous n’avez rien contre le jambon-beurre, j’en aurai un pour vous.

Gharr ne compte pas abriter un civil deux heures sans nouer le dialogue, ni tâcher de voir s’il ne peut pas remplacer Moeller ou, le cas échéant, lui faire gagner du temps en constituant un dossier pour son affaire. Dans tous les cas, le motard aura un repas plus savoureux qu'une tablette nutritive à se mettre sous la dent et moins d'ennui qu'un jour sans plein.

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